« Il y a d’admirables possibilités dans chaque être. Persuade-toi de ta force et de ta jeunesse. Sache te redire sans cesse: il ne tient qu’à moi. »
(André Gide)
Yan Gobeil naît le 2 mai 1992 à Terrebonne, au nord-est de Montréal. Aîné d’une famille qui comptera trois enfants, il a un handicap visuel, mais ses sœurs n’en auront point. Yan distingue difficilement ce qui se trouve loin, a du mal avec les contrastes et les couleurs, cependant sa vision sera stable. Il reçoit très tôt l’aide du centre de réadaptation Le Bouclier de Le Gardeur.
Primaire et secondaire
Après avoir fréquenté la maternelle, Yan fait ses études primaires et secondaires à Terrebonne. Dès le primaire, un professeur itinérant de l’école Jacques-Ouellette le rencontre de façon régulière pour s’assurer qu’il assimile bien la matière au programme. Yan utilise une loupe et, pour mieux lire au tableau, un télescope, un appareil qui ressemble à une moitié de jumelle et qui a la longueur d’un doigt. Au début de l’année, le professeur explique à la classe pourquoi le jeune garçon doit employer ces aides visuelles. À ce moment-là, Yan ne porte pas de lunettes et, encore aujourd’hui, en 2016, se déplace sans recourir à une canne blanche.
Au secondaire, il apprend l’informatique, mais ce sont les sciences pures qui l’attirent davantage. Quand vient le moment de se rendre au laboratoire, un camarade de classe lui sert d’assistant.
Il pratique de nombreux sports, dont le hockey où ses amis, en lui parlant, l’aident à se repérer sur la glace. Quant au tennis, il préfère s’y adonner en soirée pour mieux voir la balle. S’il se débrouille bien en sport, il excelle dans ses études. La preuve: ses deux dernières années du secondaire lui valent la médaille du Gouverneur général, pareil en cela à un certain Alexandre Benoit (voir sa biographie).
Adaptation
Très tôt, Yan est capable de s’adapter à son environnement. Plus tard, Sophie, sa compagne, en témoignera:
« L’un des meilleurs exemples, écrit-elle, et j’en serai étonnée toute ma vie, est lorsqu’il m’a raconté que, parfois, lorsque son enseignant écrivait au tableau blanc avec un crayon bleu et qu’il n’y voyait rien, il suivait le mouvement de la main de l’enseignant et était sensiblement capable de suivre ce qu’il écrivait. J’en suis restée bouche bée… »
Cégep
À l’automne 2009, Yan se retrouve au cégep de Terrebonne, inscrit en sciences de la nature, et ce, afin de poursuivre dans ce domaine à l’université. Il a déjà une nette prédilection pour la physique. Depuis la fin du secondaire, il peut prendre des notes et faire les examens écrits sur un portable, ce qui s’avère fort utile parce qu’il écrit plus vite à l’ordinateur qu’à la main.
Tutorat
Il travaille à temps partiel dans un magasin Future Shop où il vend des jeux vidéo, dont il deviendra vite un grand amateur. Il gagne aussi un peu d’argent en faisant du tutorat en mathématiques auprès d’étudiants qui en sont à leur première année au cégep.
Université de Montréal
Yan est encore au secondaire qu’il rêve déjà de faire un doctorat. Parce qu’il ne pense pas à une carrière bien précise ou à l’argent, il compte étudier ce qui l’intéresse vraiment. C’est ainsi qu’en 2011 il fait son entrée à l’Université de Montréal, inscrit à un baccalauréat en physique et mathématiques.
Muni de son fidèle télescope, il prend des notes à la main. Pour le temps à passer en laboratoire, il obtient de l’Université la permission d’avoir toujours la même personne pour l’assister. À sa première année du baccalauréat, il travaille encore au Future Shop de Lachenaie. Il va plus tard faire à nouveau du tutorat, cette fois en physique auprès d’autres étudiants. Ne se sentant pas prêt à vivre seul en appartement, il réside toujours à Terrebonne et utilise le transport en commun pour aller à l’Université.
Université McGill
Puis, en 2014, le voilà qui entame une maîtrise à l’Université McGill. Il a choisi cette université parce qu’elle jouit selon lui d’une meilleure réputation dans le domaine des sciences. Signalons qu’il évolue ici dans la langue de Shakespeare. « La physique, ça se fait en anglais », dira-t-il.
À McGill, il participe activement au programme « Outreach », qui consiste à vulgariser la science auprès du grand public et des jeunes. Pour ce faire, les responsables organisent des conférences et des visites du département de physique. Yan se rend dans des écoles primaires pour réaliser des activités scientifiques avec les enfants.
Il devrait faire son doctorat au Québec… à moins que l’Université d’Oxford, en Angleterre, ne l’accueille en son sein.
Déplacements
Durant ses années d’études à Terrebonne, Yan se déplace surtout à bicyclette en empruntant les rues les moins achalandées. S’il doit prendre l’autobus, il le fait accompagné et plusieurs fois, histoire de s’habituer au trajet.
À Montréal, il voyage sans problème en métro, mais a renoncé à l’autobus parce qu’il n’arrive pas à maîtriser suffisamment le trajet pour descendre au bon endroit. La technologie lui vient tout de même en aide: par exemple, il ne sort plus sans son GPS.
Le quotidien
Yan aime beaucoup cuisiner. Il dit se débrouiller assez bien « pour tout faire », mais a du mal à savoir « quand la nourriture est cuite ou pourrie », car, répétons-le, il distingue mal les couleurs. Il utilise son cellulaire pour aller voir les menus des restaurants dans Internet lorsqu’il ne les voit pas bien sur place.
Par ailleurs, il est friand de jeux vidéo, de télévision et de littérature fantastique. Il lit des livres électroniques sur son ordinateur ou son iPad qui lui permettent de grossir les caractères. Il a moins de temps à consacrer au sport, mais il s’entraîne régulièrement.
Vie de couple
Yan partage sa vie avec sa compagne Sophie qui a fait les mêmes études collégiales et qui se destine à l’enseignement. Sophie ne se fait pas prier pour dire que Yan est « une personne au grand cœur qui donne toujours plus qu’il ne reçoit ». Et elle ajoute en guise de conclusion:
« Étant sa partenaire de vie, je suis extrêmement fière d’être avec un homme si merveilleux qui m’apporte tant chaque jour et je ne vois absolument aucune difficulté que nous ne pourrions pas résoudre ensemble. Il est la personne pour qui j’ai le plus de respect, considérant le fait qu’il a surmonté plus d’obstacles que j’en aurai à vaincre en toute une vie et qu’il arrive à avoir une vie normale malgré sa déficience visuelle. »
Attention !
En terminant cette biographie, nous vous offrons une galerie de photos. Elle s’adresse aux parfaits voyants, aux semi-voyants, aux personnes conservant une vision modeste et aux aveugles. Il est un peu complexe de concevoir une galerie de photos pour une telle démographie. Voici donc le mode d’emploi :
Si vous avez l’usage de la vue et que vous utilisez une souris, il vous suffit de cliquer sur une photo, et alors, la galerie sera remplacée par une diapo grande format, où les photos se succéderont au rythme d’environ 5 secondes. Pour revenir à la galerie, cliquez sur l’icône X, en haut à droite.
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